« On est toujours émus au quotidien par les différentes expressions de violence dont les jeunes sont victimes. Cette violence constitue en effet une trame aux complicités sociales où les enfants sont attrapés, plongés dans une soi-disant liberté qui se traduit par la soumission, la douleur et l’absence de leur parole.
Quel discours tiennent les jeunes aujourd’hui ? Qui en est l’auteur ?
La violence s’est normalisée au fur et à mesure. Peut-on faire et dire n’importe quoi au nom de la liberté ?
Quelle sorte de liberté peut bien être la soumission à un pouvoir du groupe qui exige aux jeunes de cesser de penser et d’être eux-mêmes afin d’avoir l’illusion d’appartenir et de participer à un bonheur illusoire ?
Une situation qui ne peut que susciter une angoisse, une anxiété, une solitude, si bien que les enfants tombent dans une sorte de toile d’araignée qui les asphyxie et souvent finit dramatiquement par les anéantir . « Je veux être avec eux, je veux qu’ils me reconnaissent, je veux faire partie de leur réalité. S’il vous plaît, acceptez-moi ! ». Voilà le piège : « Plus je donne, plus ils exigent. Plus j’ai besoin d’eux, plus ils me repoussent et me laissent seul ».
Le cadre d’action s’est élargi aujourd’hui. Car des établissements scolaires il a débordé sur les réseaux sociaux. Le grand outil de recherche qui devrait représenter pour nos enfants la liberté, l’épanouissement et la connaissance – heureusement il l’est en grande partie –, est souvent pris par des expressions de manifestations régressives sous forme de meute cruelle, devenant ainsi une sorte de prison où les jeunes sont fortement manipulés, perdus dans des labyrinthes sinistres, puis anéantis. »
Monica Toscano, « Lorsque les jeunes se prononcent » Introduction